Nul besoin de présenter Picasso l’artiste le plus célèbre du XXème siècle. Un des plus inventifs, il a admirablement su s’adapter aux grands courants de son siècle comme le cubisme. Il l’invente le collage artistique en 1912 avec Georges Braque. En hommage à Tristan Tzara théoricien et poète du mouvement Dada Picasso et Braque appellent cette nouvelle technique « papiers collés ». La première œuvre à relever du collage fut la Nature morte à la chaise cannée de Picasso.
Ce tableau met en valeur un morceau de toile cirée représentant lui-même un cannage de chaise. Il exploite après pleinement le caractère novateur de cette technique. Après ces premières expériences tout matériaux peuvent être intégré dans les toiles des peintres cubistes bois, cartes à jouer, ticket de métro. Ces tableaux peuvent s’apparenter au premiers montages artistiques. Cette technique aura par la suite une influence dans le cinéma bien qu’elle ne fasse pas l’objet d’une théorisation. Selon Picasso le but final du papier collé était de montrer que des matériaux différents pouvaient entrer en composition pour devenir dans le tableau, une réalité en composition avec la nature.
D’après Française Gilot Vivre avec Picasso Paris Calmann Lévy 1965 Ces premiers tableaux cubistes sont caractérisées par une recherche sur la géométrie et les formes représentées : tous les objets se retrouvent divisés et réduits en formes géométriques simples, souvent des carrés. Cela signifie en fait qu’un objet n’est pas représenté tel qu’il apparaît visiblement, mais par des codes correspondant à sa réalité connue. Picasso élargit le registre d’application du principe des papiers collés en utilisant le papier journal. Octobre 1912. Picasso crée une première sculpture d’assemblage, cette « Guitare » en carton, corde et fil de fer, qu’il reprendra durant l’hiver 1912-1913 avec de la tôle et du fil de fer. Ces principes seront repris largement par les artistes de la deuxième partie du XXème siècle. Matisse à la fin se sa vie réalisera aussi des papiers collés. Dans les années 1930 Picasso s’intéresse aux photogrammes encouragé surement par Brassaï et Dora Maar. En traitant et en recopiant des plaques photographiques. Il revient à la technique que photogramme au début des années 60 et réalise avec André Villiers des montages de photos et photogrammes : il s’agit de découpage de Picasso que Villiers copie en les combinant à ses propres photographie. Il en est résulté 200 travaux. Voir aussi Guitare 1926 une oeuvre majeure pour les surréalistes Collage papiers peints Femme à la toilette 1938 On peut peindre avec tout ce qu’on voudra, avec des objets comme , des timbres postes, des cartes postales ou à jouer, des candélabres, des morceaux de toiles cirés , des faux cols, du papier peint, des journaux. Picasso a très bien connu Jacques Prévert : Picasso déclara, en découvrant ses collages : “Tu ne sais pas peindre, mais pourtant tu es peintre.”
Tableau Guitare composé de cordes et papier journal
Ce tableau est considéré comme un oeuvre majeure par les surréalistes.
Ce tableau Guitare réalisé par Picasso au printemps 1926 qui est composé de Cordes, papier journal, serpillière et clous sur toile peinte donna prétexte à Aragon la réflexion suivante: ” Vers le même temps, il arriva que Picasso fit une chose très grave. Il prit une chemise sale et il la fixa sur une toile avec un fil et une aiguille. Et comme avec lui tout tourne en guitare, ce fut une guitare par exemple. Il fit un collage avec des clous qui sortaient du tableau.”Il eut une crise, il y a deux ans, une véritable crise de collage : je l’ai entendu alors se plaindre, parce que tous les gens venaient le voir et qui le voyaient animer de vieux bouts e tulle et carton, des ficelles et de la tôle ondulées, des chiffons ramassées dans poubelle, croyaient bien faire en lui apportant des coupons d’étoffes magnifiques pour faire des tableaux. Il n’en voulait pas, il voulait les vrais déchets de la vie humaine, quelque chose de pauvre, sali, méprisé” (1)
Cette “chose grave” dont parle Aragon est en effet une des oeuvres les plus fortes, les plus irréductibles de l’art de Picasso, car par-delà la violence qu’elle exprime, il semble qu’elle mettre en jeu des forces maléfiques qui relève de la part de magie inhérente à l’oeuvre de peintre.
Cette toile va de pair avec une autre guitare qui est comme son pendant : dans l’une, les clous sont enfoncés dans le support, dans l’autre, ils sortes agressivement du tableau. La pauvreté le misérabilisme des ces chiffons sales et déchirés, dont l’un est écartelé en forme de croix, l autre troué, les ficelles qui transpercent les toiles, les clous et les déchirures, tout cela dégage une impression de malaise, de douleur, et d’étrangeté qui confère à ces oeuvres la dimension d’horreur sacrée.
Aucune courbe décorative, aucun charme de couleur, ne viennent adoucir le choc cruel de ce tableau. C’est une expression de colère agressive et puissante dans un langage qui le rend douloureusement clair écrit Penrose. Picasso avait même pensé à noyer des lames de rasoir dans les angles de matière à ce qu’on se coupe les doigts en le soulevant.
Le choix du tissu comme matériau de base et la technique de piquage, de couture avec fils et aiguille est un caractéristique que l’on retrouve dans une série de petites guitares en carton avec morceaux de tulle, ficelle et clous, qui datent de la même époque. Une page d’un carnet nous les montre d’ailleurs rassemblées.
Cette dimension secrète et magique des œuvres se trouvent confirmée chez lui et par ses propres déclarations. Dans une interview à Carlton Lake, c’est lui-même qui fait le rapprochement entre sa guitare et les peintures de Lascaux et d’Altamira
Collage Papier peint Femmes à leur Toilette
Réalisé en 1938 ce très grand collage (448 X 299) est à l’origine d’un projet de tapisserie qui finalement réalisé avec des papiers peints découpés. Cette technique particulière de collage, spécialement adaptée à un mode de réalisation spécifique, diffère de celle des papiers collés cubistes en ce que la forme découpée est une forme figurée; Picasso dessine dans le papier peint en découpant dans la couleur. Matisse reprendra cette manière de faire avec ses papiers collés en 1952. Picasso utilise les pouvoirs de suggestion formelle et matérielle. Les faux murs sont le fond le faux bois pour le cadre et le plancher, les motifs de fleur pour les fleurs.
L’ensemble présente du thème déjà travaillé par Picasso celui de la coiffure. Une femme debout qui coiffe une femme assise se regardant dans un miroir que lui apporte une troisième femme. C’est un portrait reflété dans une glace. Faut t il voir ce tableau comme une peinture où un travail de collage qui permet de voir le modèle en deux images distinctes celle de la réalité et celle du reflet celle de l’imaginaire même du fantasme ? Ce grand tableau semble représenter la problématique du collage montage.