Artiste auteur collectif de l’accumulation
Penelope Umbrico emploie des techniques et des méthodes d’appropriation, l’extraction, la production multiple, et l’intervention de photographiques traditionnelle Elle explore la façon dont notre société culturelle fabrique et utilise les images.
Son étude sur les pratiques collectives dans la photographie l’a amené à examiner les sujets qui sont collectivement photographiés. Elle utilise d’énorme quantité d’images en ligne sous forme d’archive collective qui nous représente – un portrait de la société en constante évolution.
Elle considère toute expression visuelle comme une émergence des signes sociaux qui font allusion à autre chose que ce qu’ils décrivent.
Ce travail est une accumulation qui navigue entre le consommateur et le producteur, matérialité et immatérialité, et expression individuelle et collective.
L’idée de l’absence et l’effacement est un thème constant dans son travail, en particulier en ce qui concerne les usages populaires de technologies de la photographie et sur Internet qui semblent transparent en montrant l’intimité. Elle s’interroge sur la démocratisation des médias, où les images pré-scénarisé, faites avec des outils programmés pour fonctionner de manière prédéterminés, prétendent favoriser la subjectivité et de l’individualité.
Mais l’important est que Penelope Umbrico, comme beaucoup d’artistes comparables cherche à substituer à la notion d’auteur individuel celle d’auteur collectif. « Pans All the Embarrassing Books », l’approche consiste à inventer une sorte de communauté, celle des personnes-aimant-les-livres-rangés-de-dos. Le « fait » se dissémine, il réside moins dans la capture de chaque image que dans cette centralisation d’un certain type d’éléments puisés dans l’océan numérique. L’artiste, en somme, « agit passivement », comme si elle voulait se muer en point d’arrivée pour la réalisation collective d’une intention sans intention. Son processus consiste à prendre acte autant qu’à accomplir un acte, c’est-à-dire à se réduire délibérément, à « exister moins » comme agent producteur.
Certes, on dira qu’il y a acte dans le fait de télécharger une image trouvée en ligne, au même titre qu’il y a acte dans le fait de photographier un objet « pour de bon ». Mais d’une certaine manière, on pourrait dire que l’artiste de compilation et accumulation avance masqué. Cette manière d’absence volontaire se veut le mode contemporain de l’observation photographique de ce qu’est devenue la « réalité » : un univers déjà criblé par sa propre documentation proliférante. L’artiste, contrairement à l’adepte de la typologie traditionnelle ou de l’enregistrement classeur des objets réels, n’entend plus faire entrer les choses « vraies » dans les signes. Il considère en quelque sorte que cette initiative est déjà le fait des données convocables sur la Toile, des sites et des moteurs de recherche qui assurent leur disponibilité. Parfois, il ira jusqu’à tenter de convaincre que cette façon de faire est « la » pratique photographique de notre temps. L’affaire du photographe ne serait plus l’imprévisibilité du monde comme royaume à parcourir mais un safari électronique. Il mettra même volontiers au terme « monde » des guillemets ironiques : prolongement d’un thème connu, celui de la défiance postmoderne vis-à-vis de ce que recouvre ce terme, tant l’artifice et la surabondance des représentations et simulacres seraient aujourd’hui le seul monde véritable.