Aragon le collage et Matisse – le ciel découpé 1965
A l’époque où je voyais souvent ce grand peintre, il était dans la période où semblait-il, comme un jeu, il avait commencé, entre deux toiles, de grandes saison de dessin, à combiner ce qui avait l air de sortes de maquettes, d’abord, colle de tableaux pensés avec assemblage de papiers couleur…
Devant de nouvelles toiles de Matin Aragon déclara « j’eus cet enfantillage de parler de papier peint et je vis bien au froncement de l’œil de Matisse qu’il entendait cela dans ma bouche comme une expression péjorative. J eus le désir de ma rattraper ».
Je tentai donc d’effacer l’impression faite, m’excusant de l’illogisme qu’il y avait à assimiler au papier peint, justement ces découpages dont la couleur était empruntée au papier découpé, et non point peinte.
Matisse collage
Parce que le propre des collages « matissiens » était précisément d’être des collages de papiers couleurs, et non de représentation d’objets.
Matisse me fit observer que ses collages étaient avant tout des découpages, il tenait à ce mot-là . Des découpages peints. Car si la couleur n’était pas dans le tableau apportée avec un pinceau, elle avait été préalablement préparée à la gouache sur des feuilles de papier, dans lesquelles le ciseau dessine après coup. C’était sur quoi Matisse insistait, et qu’au lieu que le dessin fût, comme dans la peinture antérieure, toujours premier à la couleur, au lieu que le dessein ménageât, cernât, « préparât » des espaces qui pouvaient avoir formes de fleurs, d’objets, de personnages, sur les fonds, des plans peint de la composition, ici la couleur était peinte d’abord, puis découpée, c’est-à-dire dessinée après coup par le ciseau, entourée par la forme des éléments de la composition. Donc il était parfaitement faux de dire, comme je l’avait fait, que l’usage du papier couleur se substituait à la peinture, la couleur préalablement choisie et exécutées à la gouache avait au contraire caractère dominant ici, cela était aussi loin du collage non-peint que du papier peint, c’est-à-dire du faux semblant.
Les gouaches découpées de Matisse recréaient par d’autres voies les rapports divins entre les objets de nature. Il n est pas de doute que, pour lui, coller, qui était souvent d’ailleurs épingler, avec les variation d’espace et de rapport de masse qu’il apportait ensuite à ces surfaces combinées, jouant avec elles à plusieurs reprises… coller, c’était peindre. Au delà même du fait que le papier découpé avait été matériellement peint par lui.
Aragon 1965