Galerie Lélia Mordoch Assemblage collage
Artiste plasticien né en 1957, Emmanuel Fillot expose à la galerie Lélia Mordoch à Paris. Il enseigne la culture de l’art et la poétique de l’objet l’ école supérieur de design, en France.
Il travaille sur la trace et le temps rythmé des paysages. Ses oeuvres sont des collages, assemblages de bois, trouvé sur les bords de mer, des pierres choisis, des coquillages, de verre fixent un moment. L’ensemble est une rencontre avec un lieu, une géographie qui lie macrocosme et microcosme. Pour Emmanuel Fillot, membre du mouvement géopoétique que préside Kenneth White, nature et culture sont inexorablement liées. Aussi ajoute-t-il parfois, aux éléments naturels qui constituent l’ossature de son oeuvre, ces cartes marines, mémoire du lieu, topographie du regard, alliance entre la main de l’homme et la force du flux et du reflux.
Dans le pays de Caux, Emanuel Fillot célèbre pour ses grandes falaises. Transparence sur fond de craie blanche, vol de mouettes fondue dans la brume, Emanuel Fillot fige le temps dans ses sculptures, assemblage de pierre, coquillage dans du plexiglass écrivant le journal intime de ses émotions dans ses assemblages aux titres évocateurs, il sculpte l’anecdote.
« Indication sur la Marche du Vent, Fond de Nuit, Haut Lieu, Le Voyage de Maréna, Sceau de l’Homme prudent »
Autre découpe, autre falaise, autre contraste : latérite rouge sur fond de roches noires, couleur et densité du Sahel, paysage de référence de ses uvres récentes, Emanuel Fillot nous transporte au cur de l’Afrique. Ses oeuvres deviennent instruments poétiques, adjectifs de l’espace qui révèlent la présence des choses au monde.
Pour la plupart, nous sommes incapables de partager nos voyages, l’appareil photographique n’offre le plus souvent qu’un pâle reflet de nos sensations et de nos sentiments. Seuls de grands photographes arrivent à percer l’instant pour en figer l’essence et les bons conteurs sont rares. Peu de gens sont à même d’extérioriser leur vision du monde, Emanuel Fillot est de ceux-là. Portées par ses sculptures accrochées à nos murs, la Normandie et les Cévennes sont aussi loin que l’Afrique et l’Afrique aussi proche que le sol que nous foulons aux pieds.
Comme le souligne Kenneth White, Emanuel Fillot est à « l’écoute du monde », toujours dans la lignée du mouvement géopoétique, il lie les récipients crées par les mains anonymes des femmes africaines aux pierres qui évoquent l’horizon des marches du désert. Les vasques surgissent des pierres, réceptacles d’une autre culture, suspendues par des ligatures de paille et de jonc formant arc tendu comme pour cerner les paysages du voyage qu’il nous narre dans « DIVERS », titre qu’il a choisi pour son exposition, référence à l’autre et à l’ailleurs, au hasard des rencontres.
De la légèreté des vagues à la densité des rives du déserts où il a rencontré « de vrais matériaux dans un vrai espace » comme en rêvait Tatlin qu’il cite volontiers.
Galerie Lelia Mordoch
50 rue Mazarine Paris 6ème