Collages de Jacques Prévert à la MEP
du 9 Février 2011 au 10 Avril 2011
Cette création de Jacques Prévert est peu connu du grand public. Ses collages proviennent surtout de collections privées.
Jean-Paul Liégeois écrit au sujet de cette exposition.
En 1982, Quand la bibliothèque Nationale a montré – dans le cadre de l’exposition « Les Prévert de Prévert » – près de 300 collages de l’auteur de Paroles, on a réalisé que cet homme de mots avait été un fou d’images. On s est souvenu des ses propres livres, truffés de ses collages : Frats, imaginaires, Images. On s’est souvenu des ouvrages qu’il avait co-signés avec d’autre « imagiers » : Picasso, Braque, Calder, Miro, Ernst, Papart, Brassaï, Izis, Doisneau, Villers, Ylla, Urhausen… Ses co-auteurs, ses complices avaient été des peintres.. Et des photographes ! Autant de « voleurs d’images » comme les désignait lui-même Doineau.
Jacques Prévert a crée ses premiers collages dans les années 1940,
En écho au sujet des collages de Jacques Prévert le poète a expliqué : « Quand on sait pas dessiner, on peut faire des images avec de la colle et des ciseaux. » A condition de trouver les bonnes images !
– voir déclaration de Picasso au sujet de ses collages –
Ses images à découper et à coller, Prévert les a cherchées un peu partout : aux puces, à la Foire à la ferraille, dans les pages des magazines, sur des tourniquets de cartes postales, dans des boutiques de chronos et de gravures anciennes… Et, de temps en temps, sans les prévenir, il a utilisé des clichés des ses amis photographes. Il a volé les « voleurs d’images » sans même s’en excuser : « Cette image que je regarde, j’en fais ce que je veux, ça me regarde »
Ainsi, à certains moments, pour inventer certains collages, le poète Jacques Prévert a cessé d’être un peintre sans pinceau pour devenir photographe : sans chambre noire. Un drôle de photographe : destructeur et reconstructeur, tendre et féroce, voyeur et visionnaire !
Photos détournées ? photos réinventées, aussi : les images imaginées par Prévert ont fait naître des images imaginaires. « Avec ce qu’il trouve, il fait autre chose » disait son éditeur et ami René Bertelé. C’est précisément ce que revendiquait l’intéressé : « Autre chose / c’est ce que j’aime qui me plait / et que je fais. »
Jacques Prévert n’a jamais été sage « sage comme une image » Il a été fou comme ses images.
Parmi les nombreuses oeuvres présentées dans l’exposition figurent :
Portrait de Janine : Peut être le premier collage, Portrait de Janine, après sur une photographie de Pierre Boucher.
Les Amants, réalisé d’après une photographie de Brassaï de deux amoureux, sur laquelle il a collé deux images de coeurs. Les graffitis de Brassai l’ont aussi beaucoup inspiré.
Des collages à partir de photographies d’Izis : Les Minets (sur photographie représentant Jacques Prévert sur l’Ile Saint-Louis à Paris), Peintre sur le motif, et Le Désert de Retz, collage qui figure sur la couverture de l’édition originale de son recueil Fatras (1966).
Des documents personnels font également partie des oeuvres exposées : de nombreuses images collectionnées et découpées par Prévert, sorties de ses archives, des enveloppes, cartes postales ou livres offerts à sa famille ou ses amis, dont un exemplaire de Charmes de Londres (1952), un étonnant voyage raconté en photographies par Izis et narré par Prévert, entièrement revu et transformé. Cet exemplaire personnel de Jacques Prévert, dédicacé à sa fille, contient des interventions en collage et dessin sur chaque page.
Les collages de Prévert portent la marque du fantastique, de l’étrange et de l’inattendu, caractéristique du surréalisme. Les collages de Prévert relèvent du fantastique, de l’amusement, et aussi de la provocation : les habits royaux sont riches, somptueux et le visage par contre lui est particulièrement affreux et horrible, et montre que la royauté et le pouvoir ne sont pas aussi beaux et nobles que l’apparence le laisse voir… Dans les princes et les rois, se cachent des pensées de terreurs.
Prévert aimait dire que ses différents « moyens d’expression »: cinéma, littérature, collages – qu’il appelait volontiers ses « images » -, procédaient de la même démarche. Il est vrai que ces formes multiples auxquelles il s’est exercé relèvent d’une pratique très proche. Ses textes sont parfois constitués de collages (de titres, de citations, de proverbes) et ont des points communs avec l’écriture cinématographique; ses collages partent d’images toutes faites (photographies, reproductions), qu’il recompose à sa manière, les détournant à son profit, comme lorsqu’il déforme une expression toute faite, un aphorisme connu, la morale d’une fable ou toute autre citation.
Prévert aimait dire que ses différents « moyens d’expression »: cinéma, littérature, collages – qu’il appelait volontiers ses « images » -, procédaient de la même démarche. Il est vrai que ces formes multiples auxquelles il s’est exercé relèvent d’une pratique très proche. Ses textes sont parfois constitués de collages (de titres, de citations, de proverbes) et ont des points communs avec l’écriture cinématographique; ses collages partent d’images toutes faites (photographies, reproductions), qu’il recompose à sa manière, les détournant à son profit, comme lorsqu’il déforme une expression toute faite, un aphorisme connu, la morale d’une fable ou toute autre citation.
Prévert et Brassaï
Dans l’œuvre de Prévert, les jeux de correspondance entre écriture et photographie sont continuels. Gyula Halasz dit Brassaï (1899-1984) est un photographe français d’origine hongroise. Avec son ami Jacques Prévert il arpentait les rues de Paris. Leurs balades de noctambules les amenaient à s’émerveiller des graffitis et des dessins anonymes gravés sur les murs de la ville. Brassaï en prenait des clichés. Prévert en utilisa un pour réaliser, la maquette de la couverture de son premier recueil, Paroles, en 1946 : l’image d’un mur couvert d’inscriptions, sur lequel se détache le mot « âne » ; par-dessus, ses lettres écarlates gribouillées semblent crayonnées par un enfant. Par la suite, Prévert dessine également les maquettes des éditions de poche de ses autres recueil, utilisant encore la couverture des graffitis photographiés par brassai. Il souhaitait peut être évoquer la liberté, l’humilité, l’humour même le côté un peu voyou de son œuvre poétique. Les deux amis ont également travaillé ensemble en 1945 sur le ballet Le rendez vous, chorégraphié par Roland Petit ; Prévert, qui décrit le scénario persuade Petit d’engager son ami Brassaï pour fabriquer les décors photographiques
Prévert et Doisneau
Avec Jacques Prévert, Robert Doisneau (1912-1994) sillonnait paris et sa proche banlieue, les canaux, les quartiers pauvres, les bistrots, où ils croisaient artisans et clochards. Pour eux la capitale avait un air de ville universelle qui parlait de l’humanité entière. Leur rencontre, en 1947, semble avoir influencé la manière de photographier de Doisneau qui se montre désormais plus sensible au « merveilleux du quotidien ».