Jacques Villegé
Villeglé, dit Jacques Villeglé, est né à Quimper en 1926 sous le nom de Jacques Mahé.
Membre du Mouvement des Nouveaux Réalistes, il présente une démarche de « collecteur » d’affiches lacérées et théoricien de l’appropriation.
Jacques Villeglé étudie les Beaux-Arts de Rennes où en compagnie de Raymond Hains (1945), à qui le liera une amitié définitive.
Il travaille quelque temps chez un architecte, où il étudie les questions d’urbanisme et d’espace public, avant d’étudier l’architecture à l’école des Beaux-arts de Nantes (janvier 1947-décembre 1949).
Il récolte, si on peut employer cette expression, en 1947 à Saint-Malo des débris du mur de l’Atlantique et des fers tordus, qu’il regarde comme des sculptures.
En décembre 1949, il limite son comportement appropriatif aux seules affiches lacérées. Pour lui, le véritable artiste est le « lacérateur anonyme », la collecte pouvant être effectuée par n’importe qui : il annonce ainsi le moment de la disparition de la figure de l’artiste, cédant la place au « collecteur » ou collectionneur.
Tout le monde connaît les affiches de publicité juxtaposées en couches épaisses et à demi lacérées. En les présentant, le décollagiste Jacques villeglé montre la destruction de la communication par les médias de masse. La présentation exthétique des déchets d’une métropole moderne devient une révolte symbolique contre la commercialisation croissante du paysage urbain.
Sa conception de l’art, le plus radical des « lacérateurs » d’affiches. Il combat avec véhémence le concept de l’original et de l’écriture artistique. Lui-même déclare à ce propos « je me distancie de l’action de peindre et de coller. Est-ce que la non préméditation n’est pas une source inépuisable d’art, et même un art mûr pour le musée ? Je considère comme positif ce que laisse derrière lui n’importe quel passant qui a lacéré une affiche sans la moindre intention artistique « Villeglé en tant qu’artiste ne fait que procéder ensuite à la sélection et préserve l’affiche lacérée de la destruction.
Ces gestes d’appropriation intéressent le mouvement des Nouveaux Réalistes ou il y retrouve Raymond Hains
L’exposition au centre Pompidou en 2009 était une approche particulière d’un art de la rue qui s’exprime par la Lacération et de de décollages d’affiches du 17 septembre 2008 – 5 janvier 2009
À partir 1949 il oriente son comportement appropriatif aux seules affiches lacérées. Pour lui, le véritable artiste est le « lacérateur anonyme », la collecte pouvant être effectuée par n’importe qui : il annonce ainsi le moment de la disparition de la figure de l’artiste, cédant la place au « collecteur » ou collectionneur.
« Le prélèvement, dit-il, est le parallèle du cadrage du photographe », et lui-même se veut, comme Hains, simple collecteur de fragments qu’il ne fait que choisir et signer. En 1958 il rédige une mise au point sur les affiches lacérées intitulée Des Réalités collectives, préfiguration du manifeste du Nouveau Réalisme considéré comme l’historien du Lacéré anonyme, entité qu’il crée en 1959.
L’exposition du centre Pompidou rassemble plus d’une centaine d’oeuvres des années 1940 à nos jours. Il aborde de manière thématique le parcours de l’artiste depuis l’éclatement typographique et les grandes compositions abstraites colorées des débuts, jusqu’aux récentes juxtapositions rythmiques issues d’affiches de concerts.
Il limite volontairement sa démarche plastique au prélèvement d’affiches lacérées, puis à leur transfert sur toile, faisant ainsi exister des productions anonymes et collectives dans le monde de l’art.
Jacques Villeglé n’est pas un auteur de «ready-made», même s’il n’intervient pas (sauf par de rares «coups de pouce») sur les affiches qu’il prélève dans les rues pour les maroufler sur toile. Son travail consiste plutôt à laisser émerger du chaos urbain les beautés cachées dans les épaisseurs de papier déchiré par des mains anonymes, qui ont parfois aussi écrit sur les affiches ou les ont maculées.
L’affiche se modifie au gré des humeurs successives, son message s’altère et se mélange à ceux des affiches qu’elle a recouvertes jusqu’à devenir illisible. Des fragments de couches inférieures apparaissent, provoquant à la surface un chaos de couleurs et de signes porteur d’affects : un nouveau langage plastique apparaît qui convertit la surface de l’affiche en une arène symbolique dont les messages se disputeraient la suprématie.
En parcourant cette exposition le spectateur se rapproche davantage de l’archéologue que de l’amateur d’art. Il doit lire déchiffrer ce qui est illisible, recouvert par de multiples couches de papiers qui sont comme momifiées. Il doit faire un effort pour reconstituer l’esprit, l’actualité qui s’affichait les murs de cette époque.