Collagiste du mouvement Dada il sollicite le hasard dans ses compositions.
Hans Arp est considéré comme l’un des sculpteurs les plus importants du modernisme classique. Il fait ses études d’art à Weimar (1905-1907), puis à l’Académie Julian à Paris (1908). En 1916, il fonde avec entre autres Hugo Ball, Tristan Tzara, le «Cabaret Voltaire» à Zurich la première manifestation du mouvement Dada. Dans les années 20, Arp travaille alors principalement à Paris, il est l’un des chefs de file des surréalistes français rassemblés autour d’André Breton et de Max Ernst
C’est à partir de 1930 que Arp commence à réaliser des sculptures. Il exécute des oeuvres réduites aux formes organiques de base du règne végétal, animal et humain. Le Torse féminin avec sa peau de marbre polie, blanche comme neige et ses formes arrondies et pleines rappelle les idoles de la fécondité. Arp accorde une place privilégiée au rond, comme équivalent artistique de la forme naturelle. Ses créations représentant des animaux et des plantes, couronne de bourgeons II et Configuration aux mouvements de serpent II ou sa créature mixte Cobra-Centaure sont également empreintes de ce langage formel. L’idée qu’il se fait de la métamorphose de l’art en nature.
Arp la décrit à l’aide de la sculpture Torse feuille comme suit: «Une feuille s’élève d’un tapis céleste ondoyant. La feuille se transforme en vase. Un nombril énorme apparaît. Il croît, il grandit. Le tapis céleste ondoyant s’y dissout. Parallèlement à la forme organique, le principe surréaliste de la dialectique de l’évolution des formes et de l’association thématique revient dans les œuvres d’Arp, comme dans Relief Nadir I, dans lequel la voûte du ciel avec ses corps cosmiques est attirée sur la surface, ou dans Le petit théâtre, où la scène devient le scénario de la marche du monde dans le microcosme d’une petite scène à rideau, ouverte et sans arrière-plan et où les acteurs apparaissent sous forme de silhouettes schématisées, une nouvelle conception de l’art de l’assemblage
En 1912, il rencontre Kandinsky. « En son atelier, parole, forme et couleur se fusionnaient et se transformaient en des mondes fabuleux, inouïs, jamais vus ». Arp collabore à l’Almanach du Blaue Reiter et expose avec les Delaunay, Le Fauconnier, Franz Marc et Paul Klee.
« En 1915, a Zurich, déclare Jean Arp je fis une suite de collages abstraits, ou plutôt concret, car il ne se trouvait aucun vestige d’abstraction dans ces collages. En me servant de papiers imprimés, d étoffes imprimées, de papiers et d’étoffes de toute couleur que le hasard – je vous affirme que le hasard est aussi un rêve – me fit parvenir, ces matières de multiples apparences furent disposées en de turbulentes diagonales qui annonçaient déjà le boum-boum de la grosse caisse fantasque de Dada. »
Ni peinture ni sculpture, les quelque huit cents reliefs que produisit Arp, co-fondateur du mouvement dada, ont été générés par lui « selon les lois du hasard », comme la nature plasticienne, fluide et ductile, enfante indéfiniment ses formes. Rompant par le démenti de l’humour avec l’ascendant romantique des surréalistes, Arp libère ici l’inconscient de sa trop impérieuse et trop littéraire charge onirique. Au lieu de procéder à la mise au jour d’images issues de forces obscures, et bien que se déclarant inspirée par les sources profondes de la genèse naturelle, cette cosmologie poétique a d’abord pour fonction de produire, en une purgation de l’imaginaire, de l’anti-sens (Gegensinn) : le primordial en deçà même de tout primitivisme. L’inconscient devient concret parmi nous, objectivé par autant de « fétiches » au matériau et à la découpe nets et polis. Tout autre alors est la philosophie du rêve, un avenir s’ouvre au dormeur qui, à son demi-sommeil, sur le bord de son réveil, s’entoure d’images devenues de petites concrétions, des « fruits d’inconscient », selon un onirisme disposé en verger d’une vie nouvelle.