Un artiste qui a marqué son siècle
Max Ernst est un peintre allemand majeur né en 1909 (Il vécu longtemps en France) mais il contribua beaucoup à l’évolution du collage montage en faisant parti de la mouvance dada, surréaliste puis pataphysique. Il étudie la philosophie à l’université de Bonn, mais il abandonne rapidement les cours pour se consacrer à son intérêt pour la peinture. En 1913, il rencontre Guillaume Apollinaire et Robert Delaunay et part pour Paris, rejoignant à Montparnasse des artistes venant des quatre coins du globe. En 1918, il épouse Luise Straus, historienne d’art. Leur relation tumultueuse ne tiendra pas. L’année suivante, il fait la connaissance de Paul Klee et présente ses premières peintures, et collages ; il expérimente différents matériaux supports et matériaux. Durant la Première Guerre mondiale, il sert dans l’armée allemande. Après celle-ci, rempli de nouvelles idées, il fonde en 1918 avec Jean Arp et l’activiste social Alfred Grunwald le groupe Fatagaga (FAbircation de TAbleau Gazométriques Garantis)de Cologne.
Un jour en 1919 je fut frappé par l’obsession qu’exerçaient sur mon regard irrité les pages d’un catalogue illustré où figuraient des objets pour la démonstration anthropologique, microscopique, psychologique, minéralogique et paléontologique. J’y trouvais réuinis les éléments de figuration tellement distant que l’absurdité même de cet assemblage provoqua en moi une intensification des facultés visionnaires et fît naître une succession hallucinante d’images contradictoires, images doubles, triples et multiple, se superposant les unes aux autres avec la persistance et la rapidité qui sont le propre des souvenirs amoureux ou des visions de demi-sommeil. »
Mais deux ans plus tard, en 1922, il retourne à la communauté d’artistes de Montparnasse à Paris.
Max Ernst a exploré plusieurs formes de collage : le collage papier collé, collage photographique, et le collage illustration.
Aragon précise ainsi les choses sur sa démarche concernant ses matériaux de collage
Il y a une différence foncière entre le collage tel que l’ont pratiqué les cubistes et le collage tel qu’il se rencontre chez Max Ernst. Pour les cubistes, le timbre poste, le journal, la boite d’allumette, que le peintre collait sur son tableau, avaient la valeur d’un test, d’un instrument de contrôle de la réalité même du tableau. D’autres fois, C’est autour de l’objet directement emprunté au monde extérieur, qui pour employer le vocabulaire des cubistes – lui donnait une certitude, que le peintre établissait les rapports entre les diverses parties de son tableau. D’autres fois, dans les papiers collés ou collage proprement dits, les papiers de couleur découpés par le peintre remplace pour lui la couleur et la couleur seulement.
Chez Max Ernst, Il en va tout autrement. Les éléments qu’il emprunte sont surtout des éléments dessinés, et c’est au dessin que le collage supplée le plus souvent. Le collage devient ici un procédé poétique, parfaitement opposable dans ses fins au collage cubiste dont l’intention est purement réaliste. Ernst emprunte ses éléments surtout au dessin imprimés, dessins de réclame, images de dictionnaire, images populaires, images de journaux. Il les incorpore si bien au tableau qu’on ne les soupçonne pas parfois, et que parfois au contraire, tout semble collage, tant avec un art minutieux le peintre s’est appliqué à établir la continuité entre l’élément étranger et son œuvre. Enfin la photographie lui fournit aussi des éléments sans précédents dans la peinture.
Max Ernst qui, en faisant des recherches sur le collage et dans le cadre du surréalisme en lien avec l’inconscient, en a eu l’idée d’utiliser aussi le frottage. (Voir page vocabulaire art collage assemblage)
Les collages frottages de Max Ernst D’après article le Monde Philippe Dagen
Max Ernst invente en 1925 le frottage où il griffonne avec une mine de crayon à papier sur une feuille posée sur une surface quelconque (parquet ou autre texture). Il fait apparaître des figures plus ou moins imaginaires. Elle n’est pas sans similitide avec à l’écriture automatique des écrivains surréalistes qu’il connaissant comme Paul Eluard et André Breton . Avec l’aide de d’autres artiste , Max Ernst se lance dans l’élaboration d’une nouvelle technique, le grattage où il gratte le pigment de la toile.
Au château près de Piacenza, en 1933, en Italie Max Ernst durant trois semaines, dans un château près de Piacenza, il assemble 182 collages,
Les planches illustrés français de la fin du XIXe siècle en noir et blanc sont pour lui comme une matière inépuisables. Iil en prépare la publication en cinq volumes, qui paraissent d’avril à septembre 1934 aux éditions de la galerie Jeanne Bucher.
Le titre de ce roman graphique est Une semaine de bonté ou les sept éléments capitaux.
Il est divisé en journées de la semaine, chacune caractérisée par une passion différente et par un élément – l’eau, l’air. L’onirisme le plus bizarre s’y donne libre cours, traversé par des symboles.
Une semaine de bonté est l’une de ses réations appréciées par les surréalistes. Mais, la consultation des collages originaux, permet de mesurer le degré de maîtrise Ernst qui au niveau de l’art le montage. Ils avaient été exposés, en 1936, à Madrid, à l’initiative de Paul Eluard. Ils le sont enfin à nouveau, à l’Albertina Museum de Vienne, prêtés par l’Isidore Ducasse Foundation de New York, qui abrite la collection de Daniel Filipacchi. Exhaustive, présentant même quelques collages qu’Ernst n’a pas retenus pour la publication, l’exposition est un modèle du genre. Elle s’ouvre sur une séquence explicative qui laisse rêveur. Des collages y sont présentés en compagnie des planches dans lesquelles Ernst a découpé une femme nue, un naufragé, un bord de rivière ou un intérieur bourgeois. La subtilité avec laquelle il agence les images, les fait glisser les unes dans les autres et les suture est telle que l’oeil perçoit une unité parfaite là où règne l’hétérogénéité. L’hybridation, le renversement sens dessus dessous, les ruptures imperceptibles d’échelle font surgir des scènes où l’irréel semble naturel. Ernst rend le fantastique non seulement crédible, mais normal.
Ce monde en noir et blanc vit dans la peur et la rage. Les catastrophes y sont fréquentes, les crimes aussi. Les meurtriers ont des têtes de fauves ou d’oiseaux. Les héroïnes sont alternativement menaçantes et accablées – et dénudées le plus souvent. Cette chronique des fantasmes et des angoisses fascine si bien que, sortant des salles, on est tout surpris que les hommes n’aient pas des mufles de lion et que les Viennoises ne se promènent pas nues.
Philippe Dagen
Bibliographie : Max Ernst 1891-1976 : Au-delà de la peinture de Ulrich Bischoff